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Libération
Le portrait

Dominique Jacovidès, de la fugue dans les clichés

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Photojournaliste débutant lors de l’affaire Grégory, le paparazzi à la jeunesse vagabonde a photographié toute la planète people avant de suivre Emmanuel Macron.
Dominique Jacovidès, ce 13 septembre à Paris. (Albert Facelly/Libération)
par Pauline Delassus
publié le 11 octobre 2023 à 15h35

16 octobre 1984 : le téléphone sonne dans les bureaux de l’Est républicain, à Epinal. «Jaco, les gendarmes cherchent un gamin dans la Vologne, on y va !» Dominique Jacovidès est un pigiste débutant quand démarre l’affaire Grégory Villemin. Il passe des mois dans les Vosges et voit débarquer «la grande presse», ces reporters parisiens, clope au bec et boots en cuir, prêts à tout pour un scoop. «Je découvrais tout. En photo, j’étais nul.» Tout le monde, déjà, le surnomme «Jaco». Il se décide, photojournaliste, ce sera ça, son métier. A Reims, où il a grandi, sa mère prend soin de son père malade. Tumeur au cerveau. Quand il lui rend visite, le paternel, ancien représentant de commerce, entrepreneur, patron de resto, ne lui pose qu’une question : «Alors, tu l’as ta carte de presse ?»

L’enfance n’a pas été douce. Mère au foyer mais atmosphère mélancolique. «Je suis d’une famille d’émigrés grecs, raconte-t-il devant un verre de blanc frappé, peau tannée, regard malicieux. J’ai reçu une éducation à la dure, j’en prenais plein la gueule. A 16 ans, je suis parti de la maison.» Il dort chez des potes, dans les cages d’escalier, sur les toits, vole dans les magasins. Il est bagarreur, mais s’interdit les «vraies conneries». Pas de Bac, pas d’ambition, un seul rêve : voyager. Après un an de vagabondage,