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Le portrait

Elisabeth Badinter, abolir la peine

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Rencontre avec la philosophe, à la veille de l’entrée au Panthéon de son époux, conscience de la gauche et ministre qui a aboli la peine de mort.

Elisabeth Badinter, à Paris le 14 février 2024, lors de la cérémonie d’hommage de la nation à Robert Badinter. (Albert Facelly/Libération)
Publié le 07/10/2025 à 19h09

A l’essentiel, comme toujours, pas un mot de trop. «C’est une fierté, et une épreuve», souffle Elisabeth Badinter. Voilà, tout est dit, ça pourrait suffire. Elle le signifie avec son beau visage, magistralement parcheminé, et son regard un peu douloureux, moins bleu qu’autrefois, mais si clair. Et on s’en veut presque de venir, en cette mi-septembre, troubler sa solitude, chez elle, rue Guynemer, dans son vaste bureau qui borde le Luxembourg, vue aérienne sur le Panthéon. C’est là que la patrie reconnaissante honorera demain celui qu’elle appelle «Robert». Il est là, partout, sur des livres, des unes de journaux, pénaliste enfiévré, ministre victorieux de la peine de mort, président du Conseil constitutionnel, toujours digne, jusqu’au crépuscule, sur ces portraits géants sélectionnés pour la cérémonie.

Quel hommage heureux pour «Robert», cet enfant d’une modeste famille juive de Bessarabie, privé à 14 ans d’un père mort en déportation. Pour elle, c’est un second enterrement, comme un deuil ultime au moment même où l’histoire semble basculer, et emporter les valeurs qu’ils ont défendues ensemble. Tout, la justice, l’Etat de droit, la laïcité, la lutte contre tous les racismes, l’antisémitisme, l’homophobie… «Terrible…» observe-t-elle, lèvres blanches.

Une seule question l’a habitée ces derniers mois : «Qu’aurait pensé Robert ?» Il l’imaginait, évidemment, l’horizon au Panthéon, des journalistes l’y destinaient, dès 1981, quand il fit abolir la

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