Elle est d’un anachronisme pétulant et d’une vivacité stylée. Elsa Zylberstein surgit d’un passé révolu. Elle semble issue d’un temps où les stars ne boudaient pas le glamour, où elles entretenaient le mystère, imprimaient la légende et s’ensevelissaient sous un fatras de strass et paillettes. L’actrice a des pulsions hollywoodiennes passées de mode, même si elle se réjouit d’apparaître dans le prochain Woody Allen. Elle est incapable d’être la fille d’à côté faisant le compte de ses petites misères ou de verser dans le naturalisme de la quotidienneté. Elle a toujours foi dans la magie du cinéma et autres fadaises féeriques, bazardées par une époque qui se fait gloire de ne plus y croire. Elle aime les tourbillons et les maelströms, et s’embarrasse peu de bilan carbone. Elle est ravie de se multiplier, d’aller de festivals en avant-premières, d’apparaître en Autriche, puis de rallier Nice. Entre-temps, elle passe par le Bristol, palace parisien à une encablure de l’Elysée. On l’y rencontre, dressant des panoramas grandioses et mirifiques, regardant loin et visant haut. Elle reconnaît : «Je rêve ma vie. Il faut que ce soit tout le temps exceptionnel.» Elle cite Albert Camus qui disait : «Notre monde n’a pas besoin d’âmes tièdes, il a besoin de cœurs brûlants», négligeant la fin du propos du philosophe qui poursuivait : «…de cœurs brûlants qu
Le portrait
Elsa Zylberstein, se mettre en Veil
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Elsa Zylberstein à Paris, le 28 septembre 2022. (Patrick Swirc/Libération)
par Luc Le Vaillant
publié le 10 octobre 2022 à 18h05
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