Mogyoród, en Hongrie, le 1er août 2021. La piste est encore humide de l’orage de la veille lorsque les pilotes s’élancent sur le Hungaroring. Les moteurs ont à peine le temps de vrombir que, dès le premier virage, un carambolage monstre fait hurler les commentateurs. Juste avant la sortie du drapeau rouge, un Français parvient à sortir son épingle du jeu, se faufilant entre les débris pour se placer derrière Lewis Hamilton, en pole position. Profitant de l’erreur du Britannique, qui s’entête à garder ses pneus pluie et se pointe solo sur la grille de départ tandis que tous les autres rentrent au stand et optent pour des slicks, adaptés à une piste sèche, Esteban Ocon prend rapidement la tête de la course. Soixante tours plus tard, après avoir résisté d’une main de maître à la pression incessante de Sebastian Vettel, le Normand franchit la ligne d’arrivée en tête et remporte ainsi son premier Grand Prix, à 24 ans.
«Cette victoire a changé beaucoup de choses», se remémore le pilote, attablé à l’abri des regards dans le chic restaurant parisien du VIIe arrondissement où nous le rencontrons. Le plus jeune Tricolore à avoir pris le départ d’un Grand Prix (en 2016, à 19 ans avec Manor Racing), assume avec une modestie teintée d’ambition son statut de numéro 1 français au classement 2022 du championnat des pilotes de F1. Malgré la veste en cuir qu