Eva Illouz fait partie de ces intellectuels juifs laïcs, attachés à l’existence d’Israël et à la défense des droits des Palestiniens, que le 7 Octobre, puis la politique jusqu’au-boutiste de Nétanyahou sur Gaza ont fracassés. Quand l’attaque du Hamas s’est produite, elle venait juste de vendre son appartement de Jérusalem pour s’installer à Paris, dans ce XVIIe arrondissement familier où vit encore sa mère. Dégoûtée par l’importance de plus en plus grande prise par les ultraorthodoxes dans la vie politique et universitaire du pays, elle avait l’impression que la seule vision d’avenir de la droite israélienne se résumait à un contrôle militaire des Territoires palestiniens, et elle ne pouvait plus le cautionner. «Avant le 7 Octobre, je ne replaçais pas les actions israéliennes dans un cadre historique. Soudain, j’ai compris que c’était une guerre qui durait depuis cent ans, que l’encerclement d’Israël était devenu un étau et qu’il était miraculeux que cette démocratie ait tenu si longtemps, même si je la vois ces temps-ci s’effondrer. Chez les Palestiniens, il y a une revendication légitime à vivre dans un Etat souverain mêlée chez quelques-uns à un discours antisémite millénariste qui refuse l’existence d’un Etat israélien. Je ne les avais jamais vus comme des ennemis, juste des opprimés. Le 7 Octobre, j’ai compris qu
Le portrait
Eva Illouz, sortir de l’étau ultra
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Eva Illouz à Paris, le 20 avril 2025. (Christophe Maout/Libération)
publié le 14 mai 2025 à 16h13
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