Récemment, Fatoumata Kébé a invité des sommités de la Nasa. Ils sont venus dans sa ville d’enfance en Seine-Saint-Denis, à Noisy-le-Sec, dans son ancien collège et sur le marché. Les deux Américains ont rencontré élèves et habitants. Ils ont maintes fois sorti de leur poche un caillou. Tous leurs interlocuteurs ont regardé la roche avec des yeux fascinés. Certains l’ont effleurée de leurs doigts comme ils l’auraient fait d’un diamant. Le caillou provenait de la Lune.
Là, c’est un jour férié de mai. Une marche à pas tranquilles, vers un café ouvert à Paris. Les sirènes hurlantes d’une patrouille de police se déclenchent à l’instant où Fatoumata Kébé dit : «La méritocratie n’existe pas.» Elle poursuit : «Moi, je suis une scientifique, et ainsi je crois mes collègues sociologues.» La trentenaire jure qu’elle n’aurait pas dû être là, si l’on en croit la norme, c’est-à-dire qu’elle ne devrait pas être astrophysicienne. Elle parle du biais du survivant, pense qu’il ne faut pas la regarder elle mais «tous ceux qui ont échoué et voir comment on peut les aider à réussir».
L’astronomie, c’est d’abord un toqué à la porte de l’appartement familial. C’est l’époque disparue des colporteurs. Cet homme-là vend des encyclopédies. Les parents de Fatoumata, originaires du Mali et du Sénégal, lui achètent toute la collection. Avec les livres viennent des cassettes vidéo qui regorgent de problèmes mathématiques. Fatoumata et ses quatre frères et sœurs s’exercent devant la télé