SERIE LES REVIVANTS (3/10) Portraits imaginaires de disparus précoces que Libération fait revivre comme s’ils avaient échappé à la mort et pouvaient dire son fait au temps présent et regarder le soleil actuel en face. Episode précédent : Kurt Cobain.
Elle a posé son sac au cap de Creus, en Catalogne. Là où les Pyrénées s’éparpillent en un ultime délire géologique, là où les calanques glissent leurs phalanges rustaudes dans la Grande Bleue. Fille d’éditeur, Florence Arthaud a choisi la mer à 18 ans, renonçant d’une lettre sur l’oreiller à ses études de médecine et à ce mélange déglingo-corseté des intellectuels aisés : hôtel particulier dans le XVIe et désert du Hoggar, messe et transe de l’aventure par procuration, avec Moitessier, Tabarly ou Colas à la table familiale. Elle songeait s’y retirer un jour, avait même vendu à la presse un hypothétique repentir judéo-chrétien, forçant le trait jusqu’à s’imaginer veuve noire à la démarche vacillante. Finalement, c’est pour préparer une transat et grâce à un sponsor inespéré que Florence Arthaud y a jeté l’ancre.
En ce mois de juin 2022, l’Europe sue sous une canicule que les météorologues détaillent en dômes cramoisis et en plumes virevoltantes. Sidérée par ces panaches marqu