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Le portrait

Florence Loiret Caille, enjeu de rôles

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Mieux identifiée depuis «le Bureau des légendes», l’actrice est une fantaisiste angoissée qui, cette fois, joue une passeuse de migrants, et s’en félicite.
Florence Loiret Caille à Paris, le 8 janvier 2023. (Marguerite Bornhauser/Libération)
publié le 15 janvier 2024 à 20h01

Chacune a fait trois pas vers l’autre, on n’a pas su se serrer la main. «Je ne sais pas pourquoi je vous ai embrassée.» Elle se rassied, étonnée, et commande un jus d’abricot. Au bar bistrot les Frangins, en haut de la place du Colonel-Fabien, Florence Loiret Caille s’arrête le temps d’un expresso chaque matin. Rituel immuable après avoir accompagné au collège son fils, 11 ans. «J’élève, ou je grandis avec, deux enfants. Un humain, un animal. Fils et chat, Paul et Couki.» lls vivent trois rues plus loin, butte Bergeyre. «Au prix d’un crédit sur vingt-cinq ans pour un appartement de moins de 50 mètres carrés.» C’est dans ce microquartier du XIXe parisien qu’elle cherchait à faire son nid.

Elle a dans le regard des emballements de gosse, la gravité d’une mère célibataire. Un caractère entre giboulée de mars et heureuse pluie d’été. Elle fume des blondes, se parfume à l’huile essentielle de bois de santal. A ses doigts qui font à peine le tour de son verre, des bagues à la gemme indonésienne, jade et agate violette, et puis une chevalière bombée esquissant le contour d’un sein. A la lisière de son pull camionneur, une kyrielle de joncs faits de feuilles d’or et de caoutchouc encapsulent ses poignets fins.

De son métier elle dit : «Je ne le considère que quand je joue.» Elle a entamé la construction de son puzzle à l’orée des années 2000 chez Claire Denis, Jérôme Bonnell, Michael Haneke, Xavier Giannoli, les frères Larrieu, Agnès Jaoui, Zabou Breitman,

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