Le 15 avril, mardi, une commémoration est organisée au camp de concentration de Bergen-Belsen, en Basse-Saxe. Les présents célèbrent les quatre-vingts ans de la libération du lieu de mort par les troupes britanniques et canadiennes. Florence Schulmann n’y est pas. Pas besoin. Plus besoin. Elle s’y est déjà rendue, en 2016, alors qu’elle s’y était longtemps refusée. «Sur le chemin, j’ai demandé pardon à mes parents d’aller en Allemagne», dit-elle, tout en noir, toute petite, coupe au carré, la voix claire et l’esprit vif, dans la salle à manger salon de son appartement du XIe arrondissement parisien.
Le camp n’existe plus. Les forces alliées ont tout brûlé pour lutter contre une épidémie de typhus. Florence Schulmann décrit : «Une plaine. Un obélisque et une grande croix au bois à l’entrée et, puis, c’est tout.» Rien du baraquement où elle est née, le 24 mars 1945, trois semaines avant la libération. Elle aussi vient de fêter ses 80 ans et elle est une survivante. Plus qu’il n’est possible de l’imaginer.
Elle vient de publier l’Oiseau de Bergen-Belsen, écrit avec la journaliste Géraldine Meignan, un récit de la déportation de ses paren