Posé négligemment sur le bureau d’une collègue, Pagny par Florent attise les commentaires. Je ne peux m’empêcher de faire le malin, le bouquin du chanteur fêlé de Patagonie cartonne. Plus de 100 000 ventes, dit-on. Ça fredonne les morceaux. Question inévitable d’un coup : «Comment va-t-il ?» Le chanteur mène la baston contre un cancer du poumon. A deux doigts de gagner son combat, il a fait une rechute. Il suit un traitement. Tout ça ne répond pas à l’interrogation de ma voisine de crémerie. On aime ça, nous, les journalistes, les revenants, les survivants, les combattants, les résistants et tous les vocables un brin paresseux de circonstance. Je lance une bouteille dans l’océan pour un portrait. Il se pointe une poignée de jours plus tard dans une brasserie des beaux quartiers. Crâne rasé, veste en cuir et tutoiement de mise. En forme, le nouveau sexagénaire. Un poil en retard ; il s’excuse à cause d’un rendez-vous qui s’est étiré avec son pote Bernard Montiel. Ne vais pas m’aventurer de suite sur la maladie. On emprunte des chemins de traverse. La vie, Dieu, les esprits, le destin. Le fumeur de joints ne croit pas vraiment au Tout-Puissant. Il se sent proche des bouddhistes, ça «correspond» à sa personnalité, promet-il.
J’avance timidement sur la maladie. «Je n’ai jamais vraiment été dans la tristesse. Je n’y pense jamais en me couchant. A vrai dire,