François de Grossouvre dit que l’art du pistage devrait être inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité. Cet art de suivre la trace d’une bête sauvage en déchiffrant les signes de la nature (voie de passage, empreinte, trace de queue, déjection, marque sur une écorce, branche mâchonnée, odeur), il l’a appris et pratiqué pendant une dizaine d’années dans la réserve du Selous, en Tanzanie. Territoire plus vaste que la Suisse, ses 55 000 km² en font l’un des plus préservés de la planète. Aucun village ni route goudronnée, pas d’agriculture ni d’élevage. Le plus beau des parcs, un paradis du règne animal et de la vie sauvage.
C’est un grand type de 1,88 mètre, qui n’a vu ni la France ni la moindre grande ville depuis deux ans. Chasseur, archer, photographe, sculpteur et maintenant, écrivain, il est à Paris pour présenter son premier livre, D’un autre monde. Sa femme, une architecte d’intérieur argentine, l’accompagne. Il est aujourd’hui fauconnier en Patagonie, où il éloigne les nuisibles sur un petit aéroport avec son équipage de rapaces. Auparavant, il a fait de l’effarouchement sur les champs d’airelles menacés par les perroquets à Tucumán, au nord-ouest de l’Argentine, l’oiseau remplaçant des répulsifs nettement moins écologiques.
A son arrivée dans la province, on lui a confié un faucon pèlerin blessé. Le roi du ciel en pension ! Il l’installe dans une chambre, chez lui. Airbnb, «b» pour bird… «Le fauconnier est au service total de l’oiseau.» Lorsqu’i