Dans les Derniers Jours de Roger Federer, le Britannique Geoff Dyer écrit à propos du joueur de tennis suisse, qui a pris sa retraite en 2022 : «L’une des raisons pour lesquelles nous adorons voir jouer Roger est qu’il donne l’impression – comme Dennis Bergkamp – de se mouvoir dans une dimension temporelle différente, plus souple.» Giuliano Da Empoli émet cette impression, dans un salon de sa maison d’édition, Gallimard, d’être ici et ailleurs, flottant. Elégant, civilisé, souriant, sans un millimètre d’affectation, il est naturel. Ce sont pourtant des scènes théâtrales qu’il décrit dans l’Heure des prédateurs, dont l’annonce de la parution a mis, selon son attaché de presse, «les journalistes en effervescence».
L’essai rédigé à la première personne est un tableau sombre du partage du monde actuel et peut-être futur entre puissants non européens, sans foi ni loi. «Ils sont pré-freudiens, leur conscience d’eux-mêmes est très faible», dit Empoli. Il s’est approché de ces hommes notamment en accompagnant Emmanuel Macron pendant soixante-douze heures à New York et à Montréal en septembre 2024. Les dominants du monde d’avant, il les avait croisés auprès de Matteo R