Là-bas, «je suis morte». Elle dit ça comme elle dit tout, avec intensité, presque ferveur, en appuyant sur chaque syllabe. Là-bas donc, elle est morte, mais, heureusement pour nous, elle est revenue à la vie, comme «un Phoenix qui renaît de ses cendres». Cette renaissance explique pourquoi, en ce jour de presque printemps, on la rencontre à Paris dans les locaux de son agent.
Golshifteh Farahani est aujourd’hui tout à fait vivante. Avec son tailleur noir et manteau, ses bottes cavalières, ses mains fines ornées de chaînes en or, et sa chevelure sombre qui cascade sur ses épaules, elle a tout de la «star». Et pourtant, elle est d’une chaleur et d’une proximité étonnantes. Pro accomplie, elle fait aussi le pitre avec la photographe, compare ses deux profils, évoque ses «nipples, nipples» qui pointent sous son pull. «On s’en fout !»
Elle alterne entre l’anglais et le français, on ne parle pas encore le farsi. Mais l’actrice parle encore une autre langue, la sienne propre, un mélange de poésie et d’expressions familières qui, prises dans sa voix rauque, ressemblent à une drôle de musique. Avant, ou en plus d’être comédienne, elle est aussi musicienne. Elle ne dit pas «j’ai touché le fond», mais «j’étais un chameau chargé de mi