Il dit tout, dans le Buveur de brume, alors ne répétons pas ici ce que vous y lirez, ni ce que vous savez grâce au film les Garçons et Guillaume, à table !. Le sociétaire de la Comédie-Française s’est longtemps glissé dans la peau des femmes. A l’école, on le traitait de «tapette», de «pédale», et ses parents ne lui venaient pas en aide. Au contraire, son père «paranoïaque», écrit Gallienne, distribuait à sa progéniture (six enfants dont une fille) des coups de ceinture. Sa mère était «drôle» mais «sans tendresse». A 12 ans, le futur comédien fit une dépression. Dans ces pages autobiographiques ne pointent ni l’amertume ni le pathos, mais se répète la crainte de sombrer à nouveau dans une mélancolie déguisée en paresse, comme chez Oblomov. Alors il bataille contre la chute et lorsque la souffrance rejaillit, il explose. Ce volume de la collection Ma nuit au musée surprend car l’autoportrait n’y est pas flatteur.
Avant de rencontrer l’acteur dans un restaurant géorgien dont il est un habitué, près de la place de la République, j’avais des réserves. M’agaçait l’orgueil qui se dégageait de ce qu’il appelle de façon désuète son «lignage». L’acteur, par sa mère, descend d’une famille géorgienne aristocratique à laquelle il est très attaché. Le Buveur de brume se passe en partie à Tbilissi, où il se rend pour contempler le portrait de son arrière-grand-mère surnommée Babou, peinte par le portraitiste Savely Sorin