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Libération
Le portrait

Gurshad Shaheman, au queer de l’Iran

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Arrivé en France à 10 ans, l’auteur et performer retrace quarante ans d’histoire des femmes iraniennes et de lutte contre le patriarcat avec sa mère et ses deux tantes.
Gurshad Shaheman, à Bordeaux, le 30 septembre 2022. (Rodolphe Escher/Libération)
publié le 6 octobre 2022 à 17h47

C’est quoi cette moustache de daddy ? Où sont les grandes boucles d’oreilles, la chevelure de jais et les ongles pailletés ? Où est la quinzaine de bracelets au poignet, dont le «kiling-kiling» «faisait chier» – rit-il – les spectateurs de théâtre en salle ? Il y a bien encore ce khôl qui souligne le vert perçant des yeux et jette sur la moustache superlative une pincée d’ironie. Mais pour le reste, le Franco-Iranien Gurshad Shaheman confirme : on est passé du vestiaire mixte chatoyant au «look de Tonton turc», lance-t-il, sourire frétillant et port de tête royal. Après des années à se déguiser en hétéro, le bouchon de la cocotte avait sauté au sortir de l’Ecole régionale d’acteurs de Cannes, et particulièrement avec la création de Pourama Pourama.

C’était dans les années 2010, le jeune acteur devenait auteur et soldait le passé dans une puissante trilogie autobiographique : l’enfance sous les bombes irakiennes à Téhéran dans les années 80, l’appartement de la tante devenue plaque tournante de films occidentaux en VHS, la découverte émue du clip Boys, Boys, Boys de Sabrina, l’embrigadement idéologique de sa sœur de 6 ans à l’école, l’arrivée à Lille à 10 ans avec la mère divorcée, la découverte enthousiaste du sexe tarifé dans les parcs de Toulon (qu’il raconte en détail dans le dernier volet de la trilogie Trade Me), l’

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