On aurait presque besoin de courir pour la suivre. Le débit et le pas rapides, Gwenola Joly-Coz nous entraîne dans les galeries de la cour d’appel de Paris. La juge du siège, figure féministe de la haute magistrature, spécialiste des violences conjugales, reçoit dans une salle mise à sa disposition boulevard du Palais. Un «lieu à elle» à Paris pour celle qui vit désormais au milieu du Pacifique. Nommée première présidente de la cour d’appel de Papeete en janvier dernier, elle est chez elle dans tout tribunal - «C’est là où on juge les hommes violents.»
Beaucoup la décrivent comme une «pionnière» en matière de lutte contre les violences faites aux femmes ; elle se perçoit volontiers comme une «locomotive». Et c’est vrai qu’en dépit de son apparence fluette, on lui sent la force d’emmener derrière elle, sur les bons rails, une institution judiciaire historiquement patriarcale.
Un CV immense, une collection d’innovations judiciaires et même une Légion d’honneur. Le pedigree a de quoi intimider. Et c’est précisément de là que la magistrate veut parler. D’ailleurs, on l’écoute : ses idées infusent du côté du législateur. Récemment, sa jurisprudence en cinq arrêts sur des affaires de violences conjugales a largement inspiré un débat parlementaire sur le «contrôle coercitif». Une dialectique qui «ravit» l’infatigable penseuse du système judiciaire, également à l’origine, entre autres, de la généralisation des pôles sur les violences intrafamiliales