On découvre Hamida Aman dans un café du Belleville cosmopolite et popu, à Paris. Sourire enrobant, regard vert ambré cerné de mélancolie, la Suisso-Afghane a le charme doux des contrebandières. Elle planque d’ailleurs stress et soucis sous un gilet brodé qu’elle a déniché à Chicken Street, rue commerçante de Kaboul prisée par les volatiles peace and love des années 70. Là où son grand-père, bel homme au turban fier, avait un hôtel.
On la retrouve ensuite au ministère de l’Education. Si l’heure est aux tribulations de la passation, les cartons se font encore discrets et les agendas conservent leur sérieux. Jean-Michel Blanquer reçoit avec déférence, en un baroud d’honneur vaguement surréaliste. Jugulant son tropisme à la discrétion, l’invitée évoque sa Radio Begum (terme désignant une princesse ou femme de haut rang), dernière-née à l’équilibre précaire. Basée à Kaboul, la FM assure aux collégiennes et lycéennes privées d’enseignement par le régime taliban un semblant d’éducation. Grâce aux cours diffusés dans les deux langues officielles du pays, dari le matin et pashto l’après-midi. Chaque semaine, de nouvelles restrictions surgissent. Un étage sépare désormais les treize journalistes-animatrices des trois techniciens. La musique, même traditionnelle, a été bâillonnée, les concours de poésie bazardés. Etrangement, un live Facebook perdure. Des biais existent pour faire passer des messages à celles que les intégristes «protègent» en les cloitrant. Reportages sur des business