Il a dit non. Un refus net. Comme pour se barricader, ne pas perdre le contrôle. Il y a quelques semaines, un procureur était sur le point de révéler à Hasan Nuhanovic le nom d’un suspect, pour le meurtre de sa mère. «J’ai dit stop, raconte d’une voix vive cette armoire à glace au regard strié d’une ridule d’obstiné entre les sourcils. Je ne voulais pas savoir et être envahi de tout un tas de pensées, de sentiments, la vengeance, la peur.»
Il a tourné les talons. Et gardé les clés d’une existence restée sur de solides rails malgré l’anéantissement qui aurait pu l’emporter. Il y a trente ans, ce Bosniaque était l’interprète des Casques bleus à Srebrenica quand les Serbes de Bosnie, commandés par le général Ratko Mladic, ont fait main basse le 11 juillet 1995 sur la ville (Est de la Bosnie), pourtant déclarée «zone de sécurité» par les Nations unies deux ans plus tôt. Avant de