«Hassan ! Ils ont retrouvé son corps !» Le 1er mai 2012, la voix de Nancy déchire le silence d’une maison de la campagne liégeoise, en Belgique. Pour Nancy et Hassan Jarfi, c’est la fin de dix jours en apnée. Leur fils Ihsane, 32 ans, a été retrouvé mort dans un champ à 30 kilomètres de Liège. Le jeune homme avait été vu pour la dernière fois montant dans une voiture devant l’Open Bar, un lieu fréquenté par la communauté LGBT +. Sept cents personnes, «musulmanes et non-musulmanes», précise Hassan Jarfi, se rendent à ses obsèques.
Quatre hommes sont arrêtés. Le procès glace la Belgique. Dans son livre, Ihsane Jarfi, le couloir du deuil, Hassan Jarfi écrit : «Telles des hyènes, chacun a arraché un morceau de la vie de mon enfant, ne laissant que sa dépouille, la cage thoracique aplatie, le crâne fracassé, le cou étranglé, le corps tailladé, déshabillé pour l’humilier.» Son agonie aura duré entre quatre et six heures. Le haut-le-cœur remonte jusqu’à l’ambassadeur du Maroc et au Premier ministre belge d’alors, Elio di Rupo. «L’onde de choc a été immense», se remémore ce dernier.
Pour la première fois, le critère aggravant d’homophobie est retenu. Trois des assassins sont condamnés à la perpétuité, le quatrième à trente ans de réclusion. Hassan Jarfi ne prononce pas leurs noms. «Une sorte d’amnésie», dit-il. Le nom d’Ihsane Jarfi, lui, résonne dans le film que lui a consacré le cinéaste