Hugo Manos n’est pas un serpent. Même s’il a grandi à leurs côtés, grâce à un père passionné qui tenait une boutique de reptiles à Paris, non, Hugo Manos n’est pas un serpent. Il a pourtant la même approche que celui, bien connu, du Livre de la jungle. Sitôt passé la porte de son appartement du XVIIIe arrondissement, qu’il n’habite plus mais dont il reste propriétaire, il vous plante son regard dans le fond des rétines, comme on hypnotise sa proie, et ne vous lâche plus jusqu’à obtenir un signal favorable de séduction. Pour cela, il a mis toutes les chances de son côté en décidant, à 17 ans, de devenir beau comme un dieu, grec de préférence, origine qui est justement celle de son père. «Décider» est le terme approprié : le jeune Hugo (34 ans aujourd’hui) a compris «comment fonctionne le monde» : c’est mieux d’avoir un beau corps, jumelé avec une personnalité qu’on remarque, parce qu’on «tend un peu plus l’oreille» quand c’est une belle gueule qui l’ouvre.
Epaules, pecs, cuisses : se sculpter fut sa façon de négocier le virage vers l’âge adulte, comme pour clore une enfance, certes pas malheureuse, mais «remplie de colère». A Clichy-sous-Bois où il a grandi, Hugo est l’objet d’une homophobie crasse. «On m’a traité de “pédé” toute ma scolarité», résume-t-il. Colère d’être insulté chaque jour, colère contre les profs qui laissent faire. Tout semblait inspirer de la haine aux garçons de l’école : sa proximité avec les filles, ses baskets brillan