Cet été, il s’est marié au Liban. Des jets israéliens survolaient le pays pendant les noces. Cette union avec une femme française qui travaille pour YouTube et dont le père est arménien et la mère libanaise montre «l’attachement viscéral» du chercheur à une région, le Moyen-Orient, dont il connaît pourtant la face la plus noire, le jihadisme. Hugo Micheron, 36 ans, s’est forgé sur l’islamisme un savoir encyclopédique en menant des enquêtes de terrain en France et au Levant depuis plus de dix ans. Lorsqu’il a commencé à passer à la télévision, sa jeunesse, son charme et son talent le distinguaient. On se demandait quelles atrocités avait pu entendre lors de ses enquêtes, ce garçon sobre et à l’aise.
Rendez-vous dans le hall du campus de Sciences-Po situé au cœur de Saint-Germain-des-Prés. La nuit tombe, l’immense cour est illuminée à la manière des extérieurs d’un hôtel de luxe. Aucun papier gras au sol, pas de drapeau palestinien aux fenêtres. Les temps ont changé. Souriant, naturel, énergique, Hugo Micheron est habillé comme un intellectuel américain. Il n’est pas compassé comme peuvent l’être les enseignants-chercheurs dont les manières indiqueraient une éducation bourgeoise. Au cœur de ce temple du conformisme qu’est Sciences-Po, Micheron détonne, il n’appartient pas à une chapelle.
Pourtant, ceux qui entendent parler de lui, l’associent à l’animateur d’un courant de pensée. Micheron ? «Un bébé Kepel.» Il fut le thésard du spécialiste du monde arabo-musulman s