Dans son quatrième album, c’est cette émotion qui donne le la. Une rage tout sauf sourde, qui rythme la quinzaine de titres et imprègne jusqu’au manifeste qui les accompagne. «Les femmes méritent la rage. Non pas comme une arme, mais comme un droit fondamental», revendique Imany, jetant aux orties la charge mentale, les tâches ménagères et autres injonctions. Ras-le-bol de devoir tout porter : la carrière, le foyer, la dentelle. De subir les règles, le harcèlement de rue et autres violences. On pourrait ajouter les inégalités salariales, le plafond de verre, le manspreading dans le métro ou encore la parole sans cesse confisquée, mais on n’a qu’une page devant nous. Si possible en restant gracieuses et sans faire de vagues, sous peine d’être taxées d’hystérie… Contagieuse, la saine hargne de l’interprète de You Will Never Know et Don’t Be So Shy contraste avec les mélodies douces et mélancoliques de son dernier opus, et avec le stoïcisme chaleureux de celle qui reçoit en jean, chaussons et kimono japonais récemment chiné, dans sa maison en banlieue parisienne. Au mur de la cuisine : une photo de Mohamed Ali. Dans la bibliothèque, bell hooks côtoie le Castor. Volubile, Imany décortique sa colère, et on la déchiffre à travers elle.
«C» comme Comores. Née d’un père militaire et d’une mère au foyer origina