Ils ne sont pas nombreux les patrons d’importance à porter le cheveu très long, mi-Léonard de Vinci, mi-guitariste de hard rock. A bientôt 60 ans, Jacques-Antoine Granjon laisse flotter cette tignasse qu’il rejette parfois d’un haussement d’épaules. Il n’a pas été tondu par les angoisses ou les modes, la fatigue d’être soi ou le besoin de respectabilité. Seul un sévère Covid lui a fait un temps craindre de les perdre. Cette crinière moins léonine que Renaissance le met définitivement à part dans la galaxie des chefs d’entreprise. Seul peut-être Richard Branson, monsieur Virgin, 72 ans, a l’échevelé aussi élaboré quoique plus mordoré.
Granjon porte long depuis ses vingt-deux ans, moment où il s’est lancé. Toujours aux manettes, le Samson de la solde digitale a gardé ses forces et transformé Vente Privée en Veepee. Il fait près de 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, emploie 6 000 personnes, truste l’Europe continentale après avoir échoué à conquérir le monde anglo-saxon. A l’inverse de beaucoup de tycoons de la tech, Granjon n’a pas vendu et ne s’est pas fait diluer. Il a repris les manettes après un moment de papillonnage, comme si le temps avançant, il fallait revenir aux fondamentaux. Il tient bon la barre à sa façon, debout sur le