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Le portrait

Jamal Abdel-Kader, hors protocole

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Le psychiatre, qui fait l’objet du documentaire «Etat limite» en salles cette semaine, déplore l’état de l’hôpital public et applique des méthodes humanistes et singulières.
Le psychiatre Jamal Abdel-Kader dans l'unité psychiatrique de crise (UPC) à Albi (Tarn), le 22 avril 2024. (Ulrich Lebeuf/Myop pour Libération)
publié le 2 mai 2024 à 15h07

Montrer patte blanche à une première porte à interphone. A une deuxième. Puis rentrer dans une salle aux murs entièrement nus, dont Jamal Abdel-Kader ferme rapidement la porte derrière lui, regardant par-dessus son épaule comme s’il était poursuivi. Ce qui n’est pas tout à fait faux : on lui dira bientôt qu’une patiente a besoin de lui rapidement. L’Unité psychiatrique de crise d’Albi (Tarn) accueille en urgence les personnes souffrant de troubles mentaux, de leur plein gré ou sous contrainte. «Etats dépressifs, délirants, maniaques, addictions… une psychopathologie très générale et variée», énumère-t-il avec une certaine gourmandise. Il y reviendra sans cesse : «Les patients sont vraiment fascinants.»

La première fois qu’on l’a vu, il était à l’écran, et nous accrochée aux accoudoirs de notre fauteuil, serrant les dents face à la souffrance de ses malades. On avait la rétine arrimée à ce jeune médecin en baskets qui se livrait corps et âme à son travail, sans cesse sollicité par les internes et les aides-soignants en nombre insuffisants, appelé sur tous les tons par ses patients, un médecin sans une seconde à lui et pourtant infiniment seul. Un médecin bientôt malade, dans

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