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Libération
Le portrait

Jeanne Cherhal, l’essence du désir

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Cette chanteuse, compositrice et interprète aux textes féministes fait paraître un nouvel ouvrage «Couleurs primitives» qui approche et décrit l’amour au féminin.
Jeanne Cherhal, à Paris le 6 septembre. (Nolwenn Brod/Libération)
publié le 2 octobre 2022 à 14h49

Jeanne Cherhal. Deux petits mots (plutôt mélodieux). Un nom. Une image (ou deux) en tête. Celle de ma mère qui monte dans sa berline grise, ouvre grand les fenêtres et enclenche dans un même geste la chanson J’ai faim sur l’autoradio. Longue introduction au piano, volume maximal des basses. Et ma mère qui, aussitôt, déplie, déploie ses doigts mûrs, oblongs et pianote dans le vide au rythme de la mélopée. Ou ma mère (encore elle) qui, chaque jeudi soir du premier confinement, regarde inlassablement les concerts pixellisés et en direct de Jeanne Cherhal sur Instagram. Là, elle fredonne, dandine d’une épaule, pousse une note trop haute, et élargit toujours, toujours son sourire. Heureuse.

Temps révolu. J’ai désormais une autre image à l’esprit. Les yeux verts de Jeanne Cherhal plantés dans les miens, un soir de cette rentrée de septembre, dans un resto bar branché du XXe arrondissement de Paris (Moncœur Belleville pour les intimes). Regard vertical, cru, intense. Frappant. Flatteur. L’artiste pénètre dans cette arène de bobos, posée sur les hauteurs de Paris, casquette noire sur la tête et regard vissé au plancher. Elle s’assoit à une table de bois, enlève son perfecto, le pose minutieusement sur le dos de la chaise et relève le menton, le buste droit, volontairement altier. Ses cheveux fuselés et bruns, enlacés ce jour dans une pince, tranchent avec sa coupe à la garçonne d’antan. Débardeur kaki parfaitement simple sur le dos. Quelques cernes dessinent ses yeux. «Je m

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