Jérémie Fontanieu, classe action

Ça démarre par un coup de bluff. Jérémie Fontanieu, 24 ans, plein d’allant, débarque en 2012 dans un grand lycée à Drancy, en Seine-Saint-Denis. Comme partout, les ados ont la flemme de bosser. Alors, le nouveau prof de sciences économiques et sociales brandit une menace jamais entendue jusque-là : sous 4/10 à l’évaluation, «j’appelle vos parents le soir même». Et de songer : «J’espère qu’ils vont réviser ces cons !» Trois semaines plus tard, un tiers de la classe est sous la barre avec des excuses à la pelle. Pas le choix, s’il ne veut pas perdre le peu de crédibilité qu’il a, il doit passer ces «putains» de coups de fil. Le premier, avec ce père d’une élève populaire qui n’en fout pas une. A l’autre bout, un accueil net : «Vous pouvez compter sur moi. Elle n’ouvre jamais ses cahiers, on va lui passer un savon. Et dites-moi ce que vous lui demandez.» Un quart d’heure de révision par soir, pas plus. D’autres appels suivent, mêmes réponses, mêmes encouragements. Puis l’idée évidente de prévenir aussi quand ça va bien.