Quand il était petit, à 11 ans précisément, Jonathan Coe a écrit son premier livre. Dans cette somme de 200 pages très librement inspirée par James Bond et intitulée Man Hunt, les personnages s’entretuent non-stop, à tel point que l’auteur britannique contemple aujourd’hui, mi-amusé, mi-médusé sa propre violence. Installé dans le jardin des éditions Gallimard, décor des plus proprets avec mobilier en fer forgé et bosquets bien taillés, il sourit en citant en substance Picasso : «Tous les enfants sont des artistes, le mystère, c’est qu’ils arrêtent.» Jonathan Coe, lui, n’a jamais arrêté d’écrire. Ni à l’université de Cambridge quand il était journaliste littéraire pour arrondir ses fins de mois – atomisant ses pairs à coups de critiques qu’il juge désormais un brin «arrogantes» –, ni quand le succès, créature farouche, tardait un peu à se montrer. Mais elle est désormais révolue l’époque où il était payé 200 livres pour son premier roman la Femme de hasard. Le voici en tournée promotionnelle à Paris, se pliant avec grâce au défilé des journalistes munis des épreuves de son dernier-né, le Royaume désuni.
Drôle de paradoxe pour celui qui, dans la plupart de ses livres, ausculte la société britannique, et a néanmoi