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Le portrait

Judith Butler, du genre humains

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LGBT +dossier
La philosophe américaine admirée par les LGBT+ refuse d’être une icône et continue à penser le présent, de la non-violence à la vulnérabilité des vies.
Judith Butler, à Paris, le 28 septembre. (Louise Quignon/Libération)
publié le 14 octobre 2023 à 15h08

Sweat d’ado, 20 ans à peine, la jeune femme s’élance dans le silence de la salle archi comble du centre Pompidou à Paris. Plus de 800 personnes, gays, lesbiennes, trans, hétéros, non binaires, sont venues écouter Judith Butler tel un quasi-oracle. «Je suis gouine, non binaire, blanche, dit-elle sans trembler, et vous avez changé ma vie, merci ! Pourriez-vous nous dire comment s’affirme-t-on aujourd’hui ?» Sur la scène, Judith Butler écoute attentivement ces mots en français qu’elle comprend parfaitement. La philosophe américaine lui répond en anglais, pesant chacune de ses phrases, comme pour en maîtriser la portée : «Ce sont les autres, le langage, qui font l’identité. On ne décide jamais de qui on est vraiment. Je n’ai jamais rien décidé de moi-même. J’ai été “outéeà l’âge de 14 ans.» Puis, elle ajoute simplement : «Merci pour votre merci !»

C’est par un livre Trouble dans le genre (Gender Trouble), que Judith Butler est devenue, à 34 ans, une des voix les plus influentes de la pensée contemporaine. Publié en 1990 aux Etats-Unis, cet essai, base de la théorie queer reposant sur une lecture radicale et inédite de Foucault, Derrida, Beauvoir, desserre la triade sexe, genre et sexualités (1), questionne les normes sexuelles. L’hétérosexualité n’est plus une évidence mai

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