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Libération
Le portrait

Judith Godrèche, la réenchantée

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Après dix ans à Los Angeles, l’actrice et réalisatrice revient avec une série sur Arte qui ravive avec humour les fantômes de son passé d’enfant-muse du cinéma d’auteur.
Judith Godrèche, à Paris le 22 décembre 2023. (Nolwenn Brod/Libération)
par Sibylle Grandchamp
publié le 26 décembre 2023 à 15h14

Tout rappelle son double de fiction. Le pull en mohair près du corps, la coupe courte blonde, les pommettes hautes. Installée en bord de fenêtre d’un café du Haut-Marais, Judith Godrèche semble fraîchement sortie de Icon of French Cinema, sa série pour Arte dans laquelle elle joue son propre rôle. Pour un peu, on savourerait des pâtisseries tout en parlant de sexe, comme elle le fait avec son agente censée lui trouver un job dans cette comédie remplie d’autodérision et d’extravagance. Dans moins de vingt-quatre heures, ce «bébé» écrit «de manière complètement désinhibée» et qu’elle réalise vivra sa vie. Faisant mine de sortir ses «antisèches d’interview», la Parisienne avoue : «C’est une épreuve.» Certes, en 2010, sa première réalisation, Toutes les filles pleurent, avait reçu un accueil mitigé. Mais là, c’est différent. Judith Godrèche est de retour à la maison après un exil de dix ans à Los Angeles, et a ramené dans ses bagages une sorte «d’ovni» en six épisodes qui «raconte pas mal de choses graves, sans se prendre du tout au sérieux».

On a un doute : l’expatriée avait-elle vraiment disparu des radars ? Ce visage souriant et ces grands yeux pers mutins nous semblent étrangement familiers. Un regard dans le rétroviseur suffit à dérouler le fil : de Jacques Doillon à Olivier Assayas, de François Ozon à Cédric Klapisch, elle a été dirigée par les grands auteurs dès l’enfance. Premier rôle à 12 ans, nommée pour le césar d