Julia Wallach, née Kac, le reconnaît volontiers, «sa mémoire s’estompe». Enfin non, c’est elle «qui vieillit». Mais à 97 ans, il y a une souffrance, celle «du camp», celle de l’après, qui ne s’oublie pas, qui se raconte. Née le 14 juin 1925, elle appartient à une génération qui disparaît, dont les témoignages sur l’horreur vont se tarir et constituent un enjeu de transmission. Du 24 avril 1943 au 24 avril 1945, elle est restée cantonnée au numéro 46645, tatoué sur son bras frêle. Décorée depuis janvier dernier du grade de chevalier de la Légion d’honneur par l’historien Serge Klarsfeld, elle distille d’emblée un pêle-mêle d’anecdotes, comme une envie immédiate de partager son passé. «A Auschwitz-Birkenau, nous n’avions plus nos règles… Quel soulagement quand je les ai de nouveau eues. Ensuite j’ai bien regretté !» s’esclaffe-t-elle. Elle montre aussi ses jambes, qui soixante-quinze ans après, portent encore les stigmates du typhus, cette terrible maladie qu’elle a fini par attraper, au camp, encore et toujours. «J’ai guéri toute seule, souffle-t-elle, mais c’éta
Le portrait
Julia Wallach, dicible souffrance
Article réservé aux abonnés
Julia Wallach chez elle à Paris le 24 juin. (©Roberto Frankenberg/Libération)
par Margot Davier
publié le 11 juillet 2022 à 20h02
Dans la même rubrique