En Guadeloupe, où elle a longtemps dirigé l’Institut médicolégal de Pointe-à-Pitre, les gendarmes avaient coutume de l’appeler «Barbie bouchère». Karine Dabadie aurait pu trouver cette expression réductrice ou sexiste mais elle ne s’en est jamais formalisée. Une médecin légiste peut parfaitement être perchée sur des stilettos, porter minijupe ou robe panthère et arborer une tignasse blond platine sans que cela n’entache son professionnalisme. A la découvrir moulée dans un pantalon pourpre et un tee-shirt noir sur le pas de la porte de son appartement parisien, rouge des ongles assorti au rouge de la bouche, on se dit qu’elle a de quoi inspirer une de ces séries télé policières qui donnent la vedette aux femmes médecins légistes, à l’image des formidables Olivia Côte dans César Wagner ou Julie Depardieu dans Alexandra Ehle.
Karine Dabadie a en effet un côté cash qui n’est pas banal. «J’aime intensément disséquer un cadavre, chercher au-delà de l’évidence. Par exemple, suivre plan par plan le trajet d’un projectile ou d’une lame permet de définir une trajectoire, la position de l’auteur d’un crime et de sa victime, évaluer la distance d’un tir, dit-elle dans un incroyable livre coécrit avec l’écrivaine Macha Séry. J’aime me pencher à pleines mains – pas juste avec deux phalanges – dans un corps comme on étudie une question.» C’est cette entrée en matière qui nous a donné envie de la rencontrer, il n’est pas si fréquent de lire ou d’entendre d