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Le portrait

Karla Sofía Gascón, esprit rituel

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Première femme trans primée à Cannes pour son rôle dans «Emilia Perez», l’actrice espagnole, nommée aux Golden Globes, a toujours cru à sa force intérieure.
Karla Sofía Gascón à Alcobendas, le 18 décembre 2024. (Sarah Leduc/Libération)
publié le 3 janvier 2025 à 14h55

Ce qui surprend d’emblée avec Karla Sofía Gascón, c’est que tout semble obéir à une sorte d’évidence. Elle a donné rendez-vous en bas de chez elle, avenue Ilusión. «Ilusión», c’est l’un de ces vocables espagnols intraduisibles, une sorte de prédisposition favorable face à un projet, une perspective. Jean serré, bottes texanes à lanières et long manteau de laine blanche, elle en donne sa définition: «“Ilusión”, c’est ce point médian et indéfinissable entre la joie et l’espérance.» Elle nous fait entrer dans sa confortable résidence, un carré d’immeuble dernier cri. On traverse un patio avec piscine et des jeux pour enfants («le seul problème, ici, les cris des gamins!»), avant d’atterrir dans un grand salon de type hôtel, que jouxtent un spa, un gymnase et une salle de ciné. Le décor est aussi impersonnel que cette commune d’Alcobendas, une cité-dortoir aux avenues arborées et d’amplitude soviétique où «elle» est née «il». Lorsque Karla était Carlos.

On ne peut s’empêcher de s’esbaudir devant la magnitude du saut. D’abord, le jeune garçon, Carlos, fils d’un père imprimeur, puis jardinier et d’une mère au foyer, pour qui l’horizon le plus exotique était la plage populaire de Santa Pola, à Alicante, où la petite famille se rendait l’été à bord d’une Seat 600 avant d’y

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