Malgré son visage demeuré d’une rondeur lisse et son presque grand âge dépourvu d’âge, Laurent Fabius ne ressemble pas tout à fait à la Joconde. Cependant, il a un point commun avec la mystérieuse créature de Vinci : un certain retranchement. Son sourire de surface, un ton souvent ironique, le contrôle sévère et fluide de sa personne, ce regard vif et rapidement rétracté sous la moindre question perçue comme intrusive, tout rappelle qu’on interroge le président du Conseil constitutionnel (pour encore trois ans) comme on restaure une toile de maître : avec précautions. Dans le vaste bureau du fauve élégant et courtois, une grande sculpture représente un cheval cabré. Laurent Fabius était bon cavalier, et son frère François, rappelle-t-il, champion d’équitation. Le bronze est de Martine Martine, une artiste de 90 ans : «Elle a fait ça à 80 ans, ce qui nous donne à tous de l’espoir…» En art comme en politique, l’important est de durer.
Un beau livre sur elle est posé sur une table basse. Leurs parents étaient amis. Le père de Fabius était antiquaire et collectionneur ; celui de Martine, industriel, collectionneur et mécène. Elle a peint et sculpté des Balzac en série. Depuis quelques années, il peint aussi, comme Chur