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Libération
Le portrait

Le Diable du Tour de France, complétement fourche

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Sous l’infernal costume le plus célèbre de la Grande Boucle se cache Dieter Senft, un doux dingue de 73 ans grandi en Allemagne de l’Est.
Dieter Senft, sur un bord de route à Châteauroux (Indre), pendant le Tour de France. (James Startt/Libération)
publié le 22 juillet 2025 à 15h41

Le Diable, on le connaît depuis qu’on est tout petit. Aussi loin qu’on s’en souvienne, on a vu chaque été bondir à la télé ses frusques rouge et noir, ses cornes et sa fourche, sa barbe blanche et son regard halluciné un peu partout où passe le peloton. «El Diablo» est un emblème du Tour de France. On l’a retrouvé au bord de la D127, qui traverse la campagne de la Mayenne. «Ça fait trente-deux ans que je fais ça», sourit l’homme sous le costume. Il s’appelle Dieter Senft, mais tout le monde l’appelle «Didi». Et malgré trois décennies sur la Grande Boucle, il ne s’exprime qu’en allemand. «J’ai voulu apprendre le français, mais je n’ai jamais réussi. C’est trop dur. C’est comme en cyclisme, il faut être doué…» Didi sait de quoi il parle, il a usé des cuissards à l’adolescence. Plutôt rouleur que grimpeur, mais sans briller outre mesure. «Je m’entraînais plus que les autres et les autres étaient meilleurs que moi. Je n’avais tout simplement pas de talent.»

Le don est allé se nicher ailleurs. La métamorphose de Dieter Senft a commencé dans les étincelles et l’odeur âcre du fer à souder. Car avant d’être une mascotte, Didi est carrossier. Et inventeur fou du dimanche. Au milieu des années 70, ce fanatique de cyclisme a commencé à fabriquer des vélos loufoques. «J’avais monté un spectacle, j’allais les présenter dans des fêtes foraines, rembobine le Diable. Ça me rapportait un peu d’argent, j’en vivais.» L’attraction phare : le plus haut vé