C’est sûr, ça va déborder. Comment faire rentrer dans le cadre d’une seule page (7 100 signes TTC) la cruauté, la joie, les boyaux en papier crépon et la tragédie ? Le tout au carré, puisqu’ils sont deux à l’origine de ce beau bordel : Louis Arene et Lionel Lingelser. Leur compagnie, le Munstrum Théâtre, draine un public jeune et enflammé dans les salles. Un théâtre très physique, chorégraphié, un théâtre de masques aux images puissantes, malaisant et burlesque, où des créatures chauves aux visages blêmes et aux yeux écarquillés tentent de tracer leur pauvre voie malgré tout, dans un futur postapocalyptique (à moins que ça ne soit un passé ?), univers sombre tout à coup foudroyé par un éclair farcesque et un grand éclat de rire (à moins que ça ne soit un cri ?). Un théâtre qui tient de la commedia dell’arte, de Beckett et de David Lynch.
Mais pour l’heure, le grand combat de Lionel Lingelser tient plutôt à faire fonctionner la machine à café cassée, coinçant une petite cuillère dans le clapet du porte filtre. Leur appartement, haut perché aux marges du XIXe arrondissement de Paris, est lumineux. Louis Arene est enfoncé dans le canapé, corps concentré. Lionel Lingelser va et vient, s’assure tous les quarts d’heure qu’on n’a pas soif, ni chaud. Ils sont doux, précis, cadrés. On ne fait pas rentrer un tel carnaval sur scène sans orchestrer une mécanique scrupuleuse.
C’était son anniversaire la veille, Lionel Lingelser offre des merveilleux. Face à ces meringues parsemées de petit