Il donne du «chère madame, très honoré», s‘incline en garçon bien élevé, sourire nickel, rangé en fines perles, pectoraux gonflés dans la chemise immaculée. Et d’entrée de jeu, une droite : «Libé, tout de même, quel torchon wokiste…» Jamais lu, admet-il, peu gêné mais curieux d’apprendre que le journal compte, en son sein, Philippe Lançon, l‘orfèvre du Lambeau, rescapé du massacre de Charlie Hebdo : «Ah, Charlie, j‘adore, fondamental dans la culture française.» Il est 15 heures, il n’a pas déjeuné, passe commande : coca, club-sandwich, frites, finement dorées dans ce bar d’hôtel proche de l‘Etoile. «Putain, j‘ai la dalle», s‘étire-t-il, l‘œil bleu coquinou s‘assurant, si la journaliste est débile, que l‘ambitieuse allusion est comprise.
Quel héritier collector ! Louis Sarkozy entre en scène au moment où son père s‘éclipse, bracelet électronique au pied. Il l‘adule, ne cesse de lui rendre hommage, c‘est plus cruel encore. Sans doute ne le voit-il pas. Lui est dans son trip. Il a 28 ans. Il veut tout bouffer. Il a la distinction de sa mère, Cécilia. Mais il est le fils de Nicolas, aussi culotté, affectif, animal, tout pareil, la cuisse qui palpite sous la table et le verbe goulu de citations, de Marc Aurèle à Zweig, «ce génie qui m’a dépucelé». Sa droite est plus corsée. Il veut réduire à la hache le déficit, transformer la France «en machine à assimiler», renvoyer les étrangers rétifs, et les délinquants à l