Ne lui dites surtout pas qu’il est «beau gosse». Ni même «bel homme», il le prendrait mal. On fait cette erreur et Lucas Bravo, 36 ans, s’agace. «Qu’est-ce que c’est d’être beau, quelles normes, quels standards ? nous demande l’acteur, qui nous reçoit chez lui, dans son appartement élégant du XIe arrondissement de Paris. Les seules fois où on m’a traité de beau gosse dans ma vie, c’était une sorte de familiarité irrespectueuse. Le concept de beauté ou de mocheté, ce n’est pas intéressant.» Il jure que tout n’est qu’une question de perspective et cite «Charogne», le poème de Baudelaire : «Et le ciel regardait la carcasse superbe, comme une fleur s’épanouir.»
Mais est-ce de notre faute si, comme une femme l’ayant récemment croisé nous l’avait signalé, il est «sublime avec ses yeux bleus translucides» ? On aurait aimé ressortir de notre entretien en affirmant qu’il n’est pas si bien en vrai. Ou adoré l’accueillir à bras ouverts dans la grande famille des gens aux physiques banals, voire médiocres. Rien n’y fait, l’humble Apollon aux pieds nus sur son parquet a un petit truc en plus, un battement de cils, des mouvements de doigts, une timidité des lèvres et, nous aussi, on se perd dans les mèches de ses cheveux.
Sincèrement, on comprend Lucas Bravo : à sa place, on finirait probablement par en avoir marre d’être sans cesse ramené à notre plastique. Comment faire pour ne pas être enfermé dans une case ? Comment dépasser l’image que les autres, sans