Menu
Libération
Le portrait

Lucien Douib, fille conducteur

Article réservé aux abonnés
Violences conjugalesdossier
La mort de sa fille, tuée par son ex-conjoint il y a cinq ans, a conduit ce septuagénaire à consacrer sa vie à la lutte contre les violences conjugales.
Lucien Douib à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), le 1er février. (Marie Rouge/Libération)
par Laurène Daycard
publié le 7 mars 2024 à 15h25

Quand il a embrassé sa fille pour la dernière fois, à la morgue de Bastia, Lucien Douib lui a promis deux choses : «Je vais m’occuper de tes enfants» et «il va payer pour ce qu’il t’a fait». Julie Douib a été tuée par son ex-compagnon à l’âge de 34 ans, le 3 mars 2019. Cet assassinat a marqué un tournant dans la politisation des violences conjugales en France, jusqu’à devenir le symbole des dysfonctionnements qui pavent le chemin du féminicide. «On me prendra au sérieux quand je serai morte ?» s’était écriée la trentenaire, à la gendarmerie de L’Ile-Rousse en Corse, deux jours avant de mourir. Elle venait d’apprendre que toutes ses plaintes avaient été classées sans suite. Après sa mort, cette saillie avait été affichée en lettres capitales dans les rues par les mouvements de collages antiféminicides. «Elle n’a pas été suffisamment protégée», avait admis Marlène Schiappa, alors secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes. Six mois plus tard, jour pour jour, le Grenelle des violences conjugales était inauguré par une prise de parole du père de Julie Douib. «C’était impressionnant de raconter mon histoire devant tous ces ministres