Il a l’œil qui frise, le sourire malicieux. Il gigote sur son siège comme un gamin après une énième sottise. «Depuis la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, beaucoup de gens ont envie de me ken», badine-t-il, d’un air ribaud. Il veut jouer. On esquive, troublé. Ce crépuscule d’août aussi, place de la Concorde, le public a été piqué par Lucky Love. Il aurait dû se fondre dans ce tableau comme le personnage brumeux d’une toile impressionniste. Il n’en est rien : on ne voit que lui… Derrière ses lunettes noires, costume blanc Vuitton, il glisse sur la scène, tel un funambule sur son fil. Il abandonne son veston brodé. Son torse mouillé et cabossé, un bras en moins, ébranle la foule. Sa voix est caverneuse et mélancolique. Il arrache les quelque 10 millions de téléspectateurs à leur torpeur pantouflarde.
Si ce soir-là, Lucky Love est devenu une popstar, il n’a toutefois rien d’un inconnu. Il se baguenaude depuis un moment dans les milieux interlopes parisiens, défile pour des griffes de luxe, performe au cabaret Madame Arthur, foule les planches des théâtres subventionnés