Rire prompt et clair. Parfois de drôles d’habits, une veste Mickey, un bob à damier, une salopette jaune, un porte-clés Toad, le champignon dans Mario. Minot, Ludovic Franceschet a fait une école de cirque, et dans sa biographie, il se questionne : «Aurais-je été un bon clown ?» L’éboueur parisien se rêve en «luciole». Il est invisible dans la rue parce que le regard des gens glisse sur son costume à bandes fluo. Les réseaux sociaux, étrangement, métamorphosent les perceptions : son quotidien d’éboueur, qu’il documente dans ses vidéos, devient une aventure. Sa pince métallique comme un bras robotisé, la Bigbelly, la poubelle conteneur, en boss de macadam.
Ludovic Franceschet, 47 ans, pèse près de 300 000 abonnés sur TikTok, le réseau de la génération Z. Il déroule deux emplois du temps, son boulot et les à-côtés. Les clips TikTok, les visites dans les médias comme s’il était ministre, les opérations dépollution qu’il mène sur ses congés. Ces derniers mois, il a récuré les ponts de Paris, le boulevard des Maréchaux qui ceinture la capitale et vient de terminer un trajet Etampes-Paris. Des milliers de litres d’ordures récupérés, matière à une pelle de vidéos, comme celle-ci où il se retrouve nez à nez face à une couette, un vélo de bambin et un ballon d’eau chaude abandonnés. Dans les commentaires, Jean suggère qu’il s’agit de l’œuvre de «gros porcs», et Isabelle conseille à «Ludo» de reposer sa cheville douloureuse. Le missionnaire antidéchet