Menu
Libération
Le portrait

Luis Vassy, diplomate binational

Article réservé aux abonnés
Le directeur de cabinet de l’actuel ministre des Affaires étrangères est un fils de réfugié politique, naturalisé français, élevé en banlieue et modèle de la méritocratie.
Luis Vassy à Paris, le 10 juillet 2024. (Adrien Selbert/Libération)
publié le 30 juillet 2024 à 15h39

«Pendant longtemps, les enfants l’arrêtaient dans la rue pour lui demander s’il était Harry Potter», confie l’un de ses plus proches amis, rencontré à Sciences-Po. Au-delà de la stature menue et des lunettes, il y a bien chez Luis Vassy «un petit côté sorcier, au sens de génie». Mais pour l’heure, le génie est un peu agacé.

«Inassimilable.» A plusieurs reprises, il a répété le mot, d’un ton pincé. Et on a compris que, pour lui, il s’agit sans doute d’un gros mot. Imprononçable. On venait à peine d’entamer la conversation dans son bureau du Quai d’Orsay, plutôt simple et loin du somptueux salon d’apparat où on avait patienté. On l’a lancé sur le Rassemblement national qui envisagerait d’interdire aux Français binationaux certains postes stratégiques dans la fonction publique. «Je me suis retrouvé à m’interroger sur ma binationalité», ce qui, visiblement, n’avait jamais été le cas.

Luis Vassy est donc binational, père uruguayen réfugié politique, et mère argentine, naturalisé français à l’âge de 2 ans. Et il occupe un poste stratégique, directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères. «C’est tout de même une drôle de vision de la nationalité, cela sous-entend que vous êtes “inassimilable”, quels que soient vos mérites», répète-t-il. Or, tout dans son parcours crie le contraire. «Fils de réfugié politique, naturalisé, élevé en banlieue, il est vraiment une publicité ambulante pour la méritocratie à la française», dit en riant son