Manipulée ? On a connu des marionnettes plus souples qu’elle. La CGT, à Vertbaudet, a le minois de Manon Ovion, 30 ans, yeux de chat au pourtour maquillé, et sourire éclatant. Elle est jeune, elle est femme, elle a pris la tête d’une grève inédite de deux mois et demi… Ne serait-elle pas un jouet dans les mains de militants plus aguerris ? Les sous-entendus de la direction de l’entreprise de confection pour enfants, qui se défend de tout sexisme, sont bien rodés. «Je sais ce qu’ils vont vous dire : “On aurait pu attendre cela de certaines personnes, mais pas de Manon.” Je suis quelqu’un de très discret», en sourit-elle. C’est vrai, on la raconte plus douce dans les réunions que sur le piquet de grève devant l’entrepôt logistique des environs de Lille. Pourtant, elle n’est pas du genre à flancher. «Je vous l’avais dit qu’on gagnerait», lance-t-elle, bravache, à la sortie du marathon de négociations le 2 juin. La direction a accepté entre 4% et 7% d’augmentation salariale, selon l’ancienneté. Ensuite, elle badine, espiègle : «je vais pouvoir enfin aller chez l’esthéticienne», sous les yeux ronds d’une conseillère régionale communiste, qui tout de suite sous-titre en politiquement correct : «Tu veux dire que tu vas enfin avoir du temps pour toi.» Elle est comme ça, Manon Ovion
Le portrait
Manon Ovion, grève éveillée
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Préparatrice de commandes chez Vertbaudet, la déléguée CGT native de Roubaix a mené la mobilisation qui a abouti à des augmentations conséquentes pour les salariés.
Manon Ovion à Lille, le 6 juin 2023. (Stéphane Dubromel/Libération)
Publié le 09/06/2023 à 15h05
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