D’un côté, un hangar cramé dont il ne reste que l’ossature, des épaves de tracteurs carbonisées, et des sachets en papier, à moitié brûlés, qui volettent dans les débris. De l’autre, des champs où les rangées de tomates, courges, et aromatiques s’étendent à perte de vue. Dans la première scène, Marc Mascetti est un maraîcher abasourdi de voir le travail de sa vie parti en fumée, les assurances qui ne rembourseront qu’une part minime de son investissement, les graines pour ses semis qu’il ne retrouvera plus jamais, et surtout qui ressasse la nuit du 14 au 15 mai quand les voisins l’ont appelé pour le prévenir que son hangar brûlait.
Marco est un optimiste qui charrie ses interlocuteurs avec bonhomie et devient intarissable sur ses techniques de culture sans engrais, sans pesticides, et surtout sans irrigation. Fier comme un paon quand il désigne du bras, au volant du pick-up de sa femme Arlette, les semis de courges qui ont déjà levé de plusieurs centimètres alors qu’il les a plantés le 2 juillet, et qu’il n’est pas tombé une seule goutte de pluie depuis. Marc Mascetti à l’état civil, «Marco» comme tout le monde l’appelle, donne l’impres