Lorsque devant chez lui, Mark Alizart nous quitte dans la nuit d’automne pour promener son chien, une vision nous saisit : celle de Tintin dans l’Oreille cassée, marchant sur un trottoir, l’air préoccupé, Milou à ses côtés. Même trench, même casquette anglaise, même position légèrement courbée, même air juvénile. Vient-on d’interviewer Mark Alizart ou le personnage de BD ?
Le philosophe de 48 ans, lui-même, s’interroge. Il nous dit : «Un jour, je me suis demandé : “Qu’est-ce que tu es ?” Et bizarrement à ce moment-là, Tintin est arrivé dans ma tête. Je l’ai compris plus tard : on ne sait pas très bien comment Tintin gagne sa vie, il n’est pas marié, n’a pas d’enfant [comme moi]… Et quand j’ai découvert, au cœur de tout ça, ce traumatisme d’enfance…» Il vient de publier Dark Tintin, chez une jeune maison, les Nouvelles Editions du réveil. Le manuscrit a été malmené, refusé à toutes les portes, parfois au dernier moment comme par Flammarion qui l’avait accepté avant de se dédire, apeuré par l’odeur de soufre qui en émane et un procès très hypothétique des ayants droit. Dans son essai, l’auteur développe la théorie suivante : Hergé aurait été violé enfant par son oncle maternel et choqué par des expériences à caractère masochiste chez les scouts. Toutes ses histoires transpireraient de ce traumatisme refoulé et auraient u