On pénètre dans sa Factory en pensant à Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl. A ceci près que le nouveau siège-atelier de Mathieu Lehanneur, dans un bâtiment industriel en briques du début du XXe siècle d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), est tout le contraire de la fabrique de chocolat fantastique de l’excentrique Willy Wonka. C’est, certes, «une petite ruche» dans laquelle s’affaire quotidiennement une dizaine de jeunes salariés. Mais les lieux sont arrangés avec un certain sens de l’épure où l’affable et flegmatique quasi quinqua longiligne s’emploie désormais à faire rayonner sa marque, autrement dit son nom.
«Tous les composants en marbre, bronze ou verre soufflé ne viennent pas d’ici, mais toutes les pièces convergent ici. On les assemble, on les met en caisse et elles partent chez le client final. C’est une façon de maîtriser la chaîne de l’esquisse à la pièce finie», ébauche, depuis son bureau personnel, le créateur indépendant, enfin émancipé du «sentiment de produire une référence de plus, pour un catalogue de plus, pour une marque de plus». Le privilège de l’expérience. C’est à vrai dire notre deuxième visite en deux mois pour appréhender ce dandy moderne et décontracté, à la barbe de trois jours grisonnante, qui tire allègrement sur sa cigarette électronique.
Et pour cause : notre homme, «heureux et fatigué», se trouve doublement sous les feux de la rampe. Déjà habitué aux honneurs, le récipiendaire du Grand Prix de la création d