«Si ma mère était là, elle dirait : “Enfin Libé !”» En une phrase, oubliant qu’il a déjà eu les honneurs de la Der, Michel Drucker, 82 ans, en revient, comme toujours, à ses névroses et à son background familial, les fixettes qu’il trimballe depuis gamin. «J’ai besoin qu’on m’aime parce que pendant l’adolescence, j’étais considéré comme le vilain petit canard, coincé entre mes deux frères brillants [Jean l’énarque et Jacques le médecin chercheur, ndlr]. De 12 à 21 ans, il y a un vide, je n’ai rien foutu. C’est là où on fait des études, où on trace son sillon. J’ai pensé à mon avenir quand j’ai commencé à la télé», livre-t-il bien vite. Les trois garçons doivent se tenir, leurs parents, juifs arrivés d’Europe centrale dans les années 1920, placent la barre très haut. «On est une famille d’anxieux. Comme beaucoup de parents d’immigrés, mon père voulait que ses enfants soient les meilleurs tout en rasant les murs», assure-t-il en guise de mode d’emploi. L’angoisse, les complexes, une hypocondrie galopante et une fièvre inaltérable à parler de lui-même ne le quitteront plus.
Pendant que ses deux frangins étincellent à l’école, lui dégote une sortie de secours à la télé encore balbutiante des années 1960. D’abord, comme commentateur sportif, puis en tant