Son premier album, Life in Cartoon Motion, avait quelque chose des Beatles. Oui, rien de moins, et rien que ça. Il mêlait la musique classique et la pop, la fanfare et la symphonie, il était fantaisiste, inventif, farfelu et néanmoins très tenu, composé d’une guirlande de tubes (Lollipop en premier lieu). C’était un condensé de Grande-Bretagne. Rencontrer Mika, c’est se souvenir que, même si Londres ressemble désormais à une immense avenue Montaigne (le fric, à ce point-là, c’est pas très chic), cette capitale eut le génie de l’excentricité. Mika avait 23 ans seulement à la sortie de ce bijou. Certains aujourd’hui trouvent le chanteur et coach de The Voice ringard. D’après nous, c’est faux. Il est singulier. C’est un personnage. Il fait songer à Pee-wee, le héros du premier film de Tim Burton : «J’ai conscience qu’on me trouve étrange, mais je l’assume.» Mika est sincère et passionné.
Le jour du rendez-vous, juste avant Noël, présent à Paris pour la promotion de son nouvel album, le chanteur d’1m92 est habillé d’un costume rayé qui ne répond à aucune mode : «C’est moi qui l’ai dessiné. Ce n’est pas difficile de dessiner des vêtements. Essayez, vous y arriverez.» Il se lève gentiment pour faire bouillir de l’eau dans la cuisine du studio du photographe. Mika avait suggéré que cette rencontre se déroule au musée de la Magie, dans le IVe arrondissement, ce qui fut malheureusement impossible à organiser. Il est 13 heures, on boit de la tisane. M