Au centre pénitentiaire de Sequedin, on a d’abord hésité : fallait-il introduire le loup dans la bergerie ? Et collaborer avec un artiste qui avait réussi, quelques années plus tôt, à faire passer illégalement un téléphone portable pour métaboliser le quotidien confiné d’un prisonnier et en tirer un film d’art contemporain ? Il y a quinze ans, Temps mort, avec son titre emprunté au rappeur Booba, avait valu à Mohamed Bourouissa une reconnaissance précoce. Aujourd’hui, avec l’appui du musée d’art moderne et contemporain (le LaM) de Villeneuve-d’Ascq, où il expose actuellement, le plasticien est de retour en prison. Mais cette fois, c’est pour entendre des femmes détenues car, de son propre aveu, il en a soupé de la masculinité. Et sur scène, puisque c’est finalement un spectacle, son premier, qu’il a tiré de ces ateliers carcéraux, c’est une femme-orchestre qui tient la dragée haute, seule et contre tous. «Si tu fais atelier théâtre, t’as une remise de peine», rappelle, pas bégueule, la comédienne Lou-Adriana Bouziouane ventriloquant les prisonnières.
Ren