Cet article est tiré du Libé spécial auteur·es jeunesse. Pour la sixième année, Libération se met aux couleurs et textes de la jeunesse pour le Salon du livre de Montreuil qui ouvre ses portes le 27 novembre. Retrouvez tous les articles ici.
Moi, l’œil, je somnolais dans mon arbre. Montre-toi ! Montre-toi ! elle a crié.
Une fillette du square de la bibliothèque. Il faut savoir que tous les arbres sont mes arbres. Comme du square Beethoven au square Barbara, tous les squares sont mes squares. Les rues aussi. Moi, je suis aux enfants. Je serais à tout le monde si tout le monde me voyait et savait m’appeler, mais parmi les grands ça se fait rare. A part les fous. Ceux sans papiers d’identité qui rasent mes murs. Ceux qui ont trop bu parfois. Ou qu’on s’allonge côte à côte dans l’herbe, mon herbe, aux Beaumonts, un de mes parcs, amoureux tête au ciel le soir. Elle, bien sûr, m’avait vu. Et connaissait la formule : Monstrœil montre-toi !
Alors évidemment je suis descendu pour qu’on se voie de plus près. Moi dans ses yeux vrais, plus grands que nature. Elle dans ma pupille où les enfants se considèrent comme ils sont, pigeon, piratesse, ruisseau, oiseau, bulle de savon, et rient de leur réflexion, et sans tralala passent à autre chose ; où les adultes se voient tout pareil, oiseau, bourrasque, buée pleine de petits soleils, et