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Le portrait

Nico et Lily, la tête hors de l’eau

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Au petit cabaret dieppois la Sirène à barbe, le réalisateur et la cheffe d’escale maritime consolent les peines à coups de plumes et de paillettes devant un public mixte en âges et en classes sociales.
Nicolas Bellenchombre («Diva Béluga») et Aurélie Decaux-Pedersen («Lily») du cabaret la Sirène à barbe, à Dieppe (Seine-Maritime), le 1er juillet 2024. (Florence Brochoire/Libération)
publié le 5 juillet 2024 à 15h11

Sur l’ancien blason de Dieppe, ville de marins pêcheurs de la côte normande, 30 000 habitants, deux sirènes encadrent un bateau. Ce dimanche soir 30 juin, alors qu’elles découvrent l’ampleur du raz de marée de l’extrême droite au premier tour des élections législatives, les sirènes sont tristes et contemplent au loin un paquebot depuis leur plage de galets. Il part sûrement pour Brighton. Depuis qu’ils sont ados, Nico et Lily adorent tous deux cette petite station balnéaire postée de l’autre côté de la côte, cette extravagante cousine anglaise dans les rues desquelles vieilles ladys à colliers de perles, punk à chiens et travelottes en goguettes se croisent dans les innombrables magasins de fripes, petits bars alternatifs et dragshows. «Ce soir-là, on s’est demandé s’il ne valait pas mieux prendre le large», raconte Nicolas Bellenchombre. Bien sûr que non : comment les Dieppois survivraient-ils désormais sans leur Sirène à barbe, insolite cabaret de poche local où Nico, Lily et leurs amis font vivre chaque week-end depuis trois ans leur haute idée de la fête, des fantasmagories et de la consolation ?

Nicolas Bellenchombre a souvent raconté la genèse. En 2018, un jour qu’il se balade avec son ancien compagnon, sifflotant du Diane Tell dans les rues de Dieppe à 21 heures à peine, il subit une violente agression homophobe : coups-de-poing, coups-de-pied, crâne fissuré, fracture du sinus, nerf sectionné dans le dos… Et dépression. Le médicament lui fait prendre 30 kilos en

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